Recherches pédagogiques et formation des personnels

La loi du 2 août 1918 avait créé à l’Institut National Agronomique (INA), « qui est l’école normale supérieure de l’agriculture », des sections d’application réservées aux élèves diplômés de l’INA, des Écoles nationales d’agriculture, de l’École nationale d’horticulture, de l’École nationale des industries agricoles. Ces sections, dont la scolarité durait une année et qui délivraient des certificats de spécialité, furent organisées par un décret du 23 juin 1920. Quatre sections étaient créées à l’Institut national agronomique dont la « section d’enseignement agricole, pour la préparation des candidats au professorat d’agriculture et d’horticulture ». Pour être nommé professeur d’agriculture, il fallait obtenir le certificat de la « section ». Le décret du 21 novembre 1946 transforma la « section » en École nationale supérieure des sciences agronomiques appliquées, toujours localisée à l’INA Paris, et précisa « la direction technique et pédagogique en est assurée par un inspecteur général de l’agriculture » (art. 5).

Dans un titre consacré à « l’enseignement aux jeunes filles », la loi prévoyait également la mise en place d’une « section normale supérieure pour la préparation des professeurs et directrices des écoles d’enseignement agricole féminin.  Cette section  est annexée depuis 1923 à l’école nationale d’agriculture de jeunes filles de Rennes Coëtlogon. Celles-ci sont remplacées en août 1941 par l’École nationale d’enseignement ménager agricole, toujours située à Coëtlogon.  Le décret du 20 juin 1961, modifié le 20 août 1964, transforme Coëtlogon en École nationale supérieure féminine d’agronomie « qui assure la formation de cadres supérieurs de l’agriculture ».
Après la Libération, le chef du service de l’inspection générale de l’agriculture (qui constituait le corps de débouchés pour les directeurs des services agricoles et qui en assurait la gestion), Léon Roche, assura lui-même le cours de pédagogie à l’ENSSAA. Le document joint est la version écrite, inédite, du cours de L. Roche ; il nous a été aimablement communiqué par son héritier, M. François Mignon que nous remercions chaleureusement. Il représente le dernier état de la formation des professeurs d’agriculture devenus ingénieurs des services agricoles par le décret du 4 mai 1951.
 

Pris en application de la loi du 2 août 1960 relative à l’enseignement et à la formation professionnelle agricoles (loi Debré), le décret du 20 juin 1961 (art. 14) prévoyait la formation en trois ans d’ingénieurs spécialisés en agriculture qui seraient formés dans des écoles nationales spécialisées. La première fut créée le 12 mars 1963, à Bordeaux, suite à la publication d’un arrêté « organisant les Écoles nationales d’ingénieurs des travaux agricoles » (ENITA). Deux autres suivirent, à Quetigny (Côte d’Or) puis à Clermont-Ferrand. Le corps des Ingénieurs des travaux agricoles avait été constitué en mai 1951 à partir d’une restructuration du corps des Ingénieurs des services agricoles

Le décret du 20 juin 1961 prévoyait également la création d’écoles nationales supérieures d’enseignement technique agricole féminin, dont l’une des spécialisations en quatrième année « prépare au certificat d’aptitude pédagogique à l’enseignement technique agricole dans les lycées agricoles », et d’école d’enseignement technique agricole féminin. Le 24 mars 1964 est créée l’ETAF de Toulouse (devenue le 20 août 1964 l’École nationale féminine d’agronomie ENFA), organisée par le décret du 8 mai 1964. Sa mission est double : « former des cadres féminins agricoles et para-agricoles destinés au secteur public ou au secteur professionnel » et « préparer au certificat d’aptitude au professorat dans les collèges agricoles».
En mars 1969 lui est annexé un institut de formation des professeurs de collège agricole destiné, au départ, à recevoir les élèves des sections pédagogiques des ENITA (mais une seule section a fonctionné, pendant deux années à l’ENITA de Bordeaux). En janvier 1984, l’ENFA devient l’École nationale de formation agronomique. Elle continue à former en deux ans les futurs professeurs de collèges et lycées professionnels agricoles, jusqu’en 1993 où une réorganisation du dispositif de formation des maîtres regroupe à Dijon la formation des ingénieurs et à Toulouse celle des professeurs.

Le décret du 23 août 1966 relatif à l’École nationale supérieure des sciences agronomiques appliquées abrogea le décret du 21 novembre 1946. Après l’adoption de la loi du 2 août 1960 et la loi de programme du 4 août 1962 relatives à l’enseignement agricole, les objectifs attribués à l’enseignement agricole ont changé, et les ambitions qui lui sont assignées exigent un dispositif de formation d’ingénieurs et d’enseignants recalibré et modernisé. Désormais, l’ ENSSAA est séparée de l’ INA et érigée en établissement public à caractère administratif doté de l’autonomie financière. Elle constitue une école d’application de l’ INA et des ENSA et forme en un an les ingénieurs d’agronomie. Elle reçoit également la charge de former les futurs directeurs des lycées agricoles.
L’article 16 du décret stipule que « fonctionnent auprès de l’École nationale supérieure des sciences agronomiques appliquées, l’Institut national de formation des professeurs certifiés de l’enseignement agricole (INFPCEA), l’Institut national de recherches et d’applications pédagogiques (INRAP) et l’Institut national de promotion supérieure agricole (INPSA) » dont les missions et les modalités de fonctionnement sont fixés par arrêté du ministre de l’Agriculture. Les quatre établissements réunis sur le même site à Dijon, constituent ce que l’on a appelé « le Complexe dijonnais ».

Le même article 16 précise que l’ INFPCEA  « fonctionne en annexe de l’école » avec le même directeur. Dans les mêmes lieux mais dans deux structures parallèles sont donc regroupées les formations professionnelles des ingénieurs d’agronomie et des professeurs certifiés de biologie et de physique et chimie.

Le même jour que le décret paraît l’arrêté créant l’ INPSA. Ses missions sont particulièrement originales et sont organisées autour de la promotion sociale et de l’éducation des adultes. Elles sont directement issues de l’objectif de « parité » fixé par la loi d’orientation agricole du 5 août 1960, des lois instaurant la promotion sociale (31 juillet 1959) et le perfectionnement professionnel, ainsi que des pratiques de l’éducation populaire chère aux auteurs du programme du Conseil national de la Résistance :

  1. Organisation de cycles d’études et de sessions spécialisées permettant à des adultes de préparer des diplômes de formation supérieure ;
  2. Formation et perfectionnement des professeurs d’éducation culturelle et des animateurs socioculturels des établissements d’enseignement agricole public ;
  3. Formation de fonctionnaires aux méthodes d’éducation des adultes ;
  4. Organisation de travaux d’études, conférences, colloques, réunions « en liaison  avec la profession agricole sur les problèmes de promotion dans le monde agricole et rural ».

Le second arrêté d’application du décret du 26 août 1966 crée
l’ INRAP. Cet établissement d’un genre nouveau n’est pas une copie de l’Institut pédagogique national de l’Éducation nationale, issu, en avril 1954, du Centre national de documentation pédagogique, tête de réseau des centres régionaux de documentation pédagogiques.
Ses missions embrassent en effet l’ensemble des « problèmes posés par l’enseignement dispensé dans les lycées, collèges, cours professionnels agricoles et établissements assimilés de
même niveau » :

  1. Rechercher les méthodes pédagogiques propres à développer et à améliorer l’enseignement ;
  2. Proposer toute mesure tendant à l’adaptation permanente des programmes aux nécessités de la pédagogie et aux besoins du secteur agricole ;
  3. Participer à la formation pédagogique des professeurs stagiaires ;
  4. Organiser des stages pédagogiques à l’intention des personnels en fonctions ;
  5. Publier tous ouvrages, revues ou documents en rapport avec ses diverses activités.

En 1977, il engagea une grande expérimentation pédagogique destinée à tester une profonde réforme de l’organisation et du fonctionnement du BTA à options. Cette expérimentation, intitulée "Formation des chefs d’exploitation agricole" - FoCEA" qui a duré quatre années, a abondamment nourri la rénovation de l’enseignement agricole engagée à partir de 1982.

Documenter, valoriser, partager et questionner
l’expérience de l’INRAP de Dijon.
Consultez le blog : http://memorap.org/
 

Le décret du 20 mai 1965 qui fixe les dispositions statutaires applicables aux personnels de direction et d’enseignement des lycées et collèges agricoles, dans ses articles 12 à 15, définit le statut de professeurs techniques adjoints (PTA) et stipule que « la durée des études dans les centres de formation » est fixée à un ou deux ans selon les modalités de recrutement, concours ou sélection professionnelle. Aucun des établissements existant n’est mentionné pour les recevoir, et aucun centre spécialisé ne fut créé. Comme il s’agissait de constituer des corps de fonctionnaires à partir de corps existant (chefs de centres de culture mécanique, chefs de pratiques, professeurs adjoints d’école régionale d’agriculture) ou à partir de concours externes nécessairement en nombre limités compte tenu des effectifs en place, la formation, considérée comme une opération temporaire, fut organisée dans des lycées agricoles dont les équipements furent jugés suffisants et les personnels d’encadrement  compétents (Lons-le-Saunier, Ondes, Saintes).

Le Croisic – oct. 1996 – 64 minutes

Toulouse – sept./oct. 98 – 74 minutes

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